Le grand quotidien régional L'Express du Midi du 24 mai 1899 écrivait :
Les Fêtes de Sorèze
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Je voudrais insister sur la cérémonie toujours grandiose, toujours émouvante, de la cérémonie de la remise du drapeau. Celui de l'ancienne et glorieuse Ecole militaire de Sorèze à sa garde d'honneur et c'est très militairement - hier religieusement - qu'on va le chercher les jours de fête chez le colonel du régiment, je veux dire chez le Prieur de l'Ecole. Hier, c'est le brave capitaine Douzans, qui, devant le cabinet de travail de Lacordaire, et en présence des officiers de terre et de mer venus aux fêtes, en a fait remise au piquet d'honneur, tandis que les tambours battaient aux champs, que les fronts se découvraient et que nous admirions les quatre divisions de l'Ecole défilant très allègrement aux sons entraînants d'une marche militaire. Après avoir salué le drapeau - que les oiseaux du ciel veulent chanter aussi - c'est la croix que nous allons saluer à la chapelle où a lieu la messe militaire. A l'Elévation, les trois couleurs s'inclinent devant l'hostie sainte et les clairons sonnent toujours ... Les sceptiques peuvent sourire en toute liberté. Moi, je trouve tout cela très beau, très empoignant et fait honneur à la maison illustre qui donna à la France les Belle-Ile, les Bolivar, les Caffarelli, les Lapérouse, les Paulin, les Espinasse, les Bourmont, les Larochejacquelein, les Marbot, les d'Hautpoul, les d'Adhémar, les Saizieu, les Montcabrier, les Douzans... Eux aussi - comme les "collets verts" d'aujourd'hui - assistèrent à Sorèze à la cérémonie du drapeau ! On sait ce qu'ils sont devenus... |
C'est dans la salle des Arts qu'elle a lieu, devant un public nombreux et dans lequel l'élément féminin est très élégamment représenté. M. Delpech-Cantaloup, député du Gers, un "ancien", préside, assisté du capitaine de vaisseau Constantin, des capitaines de frégate Douzans et Gourgas, de nombreux officiers en grand uniforme, du R.P. Giniez, provincial des Dominicains de Toulouse, de M. Clos, le dévoué maire de Sorèze, du conseil d'administration de l'Ecole et d'une foule de notabilités trop nombreuses pour que nous nous risquions d'en donner les noms. Les familles de Soréziens glorifiés sont représentées par le vicomte Begouen, Guiraud du Falga, Guiraud de la Fleuraussié, Guiraud de Saint Pons, Llobet (général et préfet maritime de Caffarelli); M. de Montcabrier (l'amiral de Montcabrier); de Saint-André (capitaine de Saizieu); de Capella (Borrel); l'abbé Laplagne-Barris (Laplagne-Barris); Mme veuve de Séverac et son fils (Gilbert de Séverac). A droite et à gauche de la scène sont disposés les bustes. Lorsque tombent les voiles tricolores, des applaudissements nourris éclatent de tous les coins de la salle. On applaudit aussi les artistes qui ont fait revivre les images des belles figures qui honorent si bien Sorèze par leur patriotisme, leur intelligence, leur science et leur savoir. Ces artistes s'appellent Séverin Duolé, professeur de dessin à l'Ecole; Lemasson; Metgé, élève de l'école des Beaux-Arts de Toulouse; Lamolinairie, Augé, etc. Les choeurs et la musique exécutent la cantate de M. François Tresserre : Pour les grands anciens du siècle. L'auditoire crie : "L'auteur ! L'auteur !". M. Tresserre se lève et salue. On l'acclame. Trop modeste, l'éloquent poète de l'Ecole de Sorèze, qui voulait se dérober, est contraint de parler. Je vous remercie, dit-il, de vos ovations. Je n'ai qu'un regret, c'est que mon collaborateur pour la musique, le Père Ligonnet, ancien prieur de Sorèze, en ce moment loin de nous, ne puisse les entendre. Applaudissements. Cris : Vive Tresserre ! Vive le Père Ligonnet ! Nous applaudissons encore une remarquable pièce de vers d'un tout jeune - le major Rodié - un "collet rouge" fort bien inspiré qui, comme son aîné Tresserre, cultive la muse avec succès. M. Rodié a écrit d'une plume alerte le Panthéon Sorézien. Ses jolis vers ne manquent pas de souffle. C'est de la poésie de bonne marque. Un ban pour Rodié. Une, deux, trois ! Anciens et cadets frappent ce ban avec enthousiasme... Les bustes des hommes illustres qu'on a inaugurés sont l'œuvre de M. Lamolinairie, sculpteur à Toulouse. Les visiteurs du musée de Montauban connaissent la clio de cet artiste qui y est exposée. A Sorèze, on admirait l'expression si vivante, l'allure variée et le fini d'exécution de ces bustes, dont quelques-uns sont des œuvres d'art remarquables. L'artiste a dû être fier d'entendre ce public de choix apprécier son œuvre, nous ne dirons pas d'une manière si flatteuse, car ici l'admiration n'était que justice. |
C'est le clou des fêtes ! Le savant orateur est trop connu de nos lecteurs pour que nous ayons besoin de le leur présenter. Si ces fêtes avaient eu un caractère officiel, c'est le premier savetier venu - un ministre quelconque - qui aurait prononcé ce discours. M. de Lahondès n'est pas ministre; mais je vous certifie que les bravos ne lui ont pas manqué. Vous en aurez une idée en lisant quelques passages seulement de son beau discours, dont voici le début : Un renouveau fécond anime la vieille école. Elle tressaille aux espérances d'avenir, et l'ardente jeunesse qui s'agite dans ses salles et ses vastes carrés, la ramène dans un continuel printemps. Ses murs antiques, eux-mêmes, revêtent une parure souriante comme une aurore. Mais si elle espère, elle se souvient; et, dans sa généreuse cordialité traditionnelle, elle se plaît à rattacher à son glorieux passé les destinées qui l'attendent au seuil du siècle qui s'ouvre. Elle se recueille. Elle contemple ses origines, elle évoque les figures qui, après avoir traversé ses bâtiments austères et son parc ouvert en plein ciel, ont illustré son nom. Elles rayonnent dans sa lumineuse histoire et elle entend les immortaliser dans le marbre pour qu'elles soient un exemple, une force, comme la promesse d'une continuelle floraison des dignes serviteurs du Christ et de la France. M. de Lahondès parle avec éloquence des grands Soréziens. Il termine ainsi : Après ce regard rapide sur leurs vies diverses si bien remplies, ne vous apparaît-il pas que Sorèze représente dans ce qu'il y a de caractéristique et de meilleur, l'essor de notre âme française, sa loyauté par sa verve alerte; l'élan vers l'idéal, le courage militaire, la soif du dévouement ?... Contemplez donc vos modèles jeunes hommes de demain. Et en-haut les coeurs ! (Applaudissements). La musique joue la Sorézienne dont le refrain est repris en choeur par les élèves, puis on se rend
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Il est servi dans la magnifique salle des fêtes; 350 convives qui donnent le spectacle de la cordialité sorézienne dans ce qu'elle a de plus aimable.
Le menu est excellemment servi. Le voici :
M. Henri Serres de Gauzy, vice-président de l'association sorézienne, porte un toast à la prospérité de l'Ecole. Après les toasts tour à tour éloquents, spirituels, enthousiastes, émus du R.P. Raynal, d'Henri Serres de Gauzy, de Demotes, le poète François Tresserre (1871-1876) se levait et s'exprimait ainsi : ..... Il n'y a pas bien longtemps encore, à la première coupe de champagne, un des invités se levait et chantait. Un peu d'âme et de poésie semblaient planer un moment parmi les corbeilles de fruits, les fleurs et les cristaux. Ce n'était rien et c'était charmant. Permettez-moi de restaurer un vieil usage..... ..... Tous les Soréziens sont plus ou moins poètes. Mais des rêveurs aux soldats, des artistes aux savants, la chaîne se fait et unit les diverses générations de Soréziens. Les uns ont eu la poésie de l'action et des batailles; à nous, de vivre le poème de l'énergie morale et sociale...... ..... Je vous ai promis une chanson. Cette dernière pensée me l'inspire; la voici :
Et pour rester dans le ton, prenons un peu d'avance et projetons nous à la Pentecôte 1900, le 4 juin. A la fin du banquet, notre camarade, le poète montalbanais Marcel Séméziès exaltait l'âme même de Sorèze dans ces strophes vibrantes d'enthousiasme et de foi dans l'avenir de l'Ecole :
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