Andréossy, Antoine François, comte
Né le 6 mars 1761 à Castelnaudary, mort le 10 septembre 1828 à Montauban
Père : Pierre Jérôme
Neveu : Victor Antoine
Arrière-grand-père : François Andréossy, ingénieur, concourt à l'exécution du canal du Midi, nommé examinateur en 1664 du projet de Pierre-Paul Riquet.
Après de fortes études au collège de Sorèze il entra à l'école d'artillerie de Metz, en sortit le premier de sa promotion, le 30 juin 1781, et, à ce titre, choisit le régiment d'Auxonne.
Il fit avec son premier grade, en 1787, la campagne de Hollande dans l'un des trois détachements envoyés par le gouvernement français pour soutenir les patriotes hollandais. Fait prisonnier par les Prussiens, il bénéficia d'un échange et rentra en France.
En dépit de ses connaissances étendues et des recherches qu'il poursuivait sur l'emploi des bombes pour la défense des places, il ne fut nommé capitaine que le 15 mai 1788.
A l'époque de la révolution, il passait pour très attaché à l'ancien régime et, lorsque les officiers d'artillerie décidèrent d'émigrer et furent répartis entre les trois corps commandés par les frères du roi, par le prince de Condé et par le due de Bourbon, on l'affecta d'office à ce dernier corps, mais, contrairement à l'espérance de la plupart de ses camarades, il n'émigra point. Du moins se montra-t-il toujours opposé aux excès de la révolution.
Aussi n'était-il encore que chef de bataillon en 1795, dans l'armée de Kellermann. Il fut chargé, à ce moment, de la reconnaissance des montagnes depuis la ligne de Borghetto jusqu'à San-Remo.
Passé à l'armée d'Italie, il fut choisi par Bonaparte comme directeur du service des ponts. Le 18 juillet 1796, il commandait cinq chaloupes canonnières qui, simulant une fausse attaque de Mantoue par l'Adige, devaient attirer sur elles le feu de l'ennemi pendant que Murat et Dallemagne dirigeraient la véritable attaque sur un autre point. L'opération ayant réussi, Bonaparte le nomma chef de brigade.
Dans une autre circonstance, il s'était également signalé à l'attention du général en chef en se jetant lui-même dans l'Isonzo pour rechercher un gué. Aussi, lorsqu'il s'agit de porter à Paris les drapeaux pris à l'ennemi, ce fut lui qui, avec Joubert, en fut chargé et il reçut les compliments de Barras.
Le 24 ventôse an VI (14 mars 1798), il fit partie de la commission de la marine, chargée de préparer une descente en Angleterre, et il fit une inspection sur les côtes de l'Océan. Mais on sait que ce projet avait seulement pour but de masquer les préparatifs de l'expédition d'Égypte.
Andréossy fit partie de cette expédition, dont il dirigea les équipages de ponts. Là aussi il se fit remarquer, à la fois comme soldat et comme savant et, à la suite d'un brillant combat à Chelerem, il eut les honneurs d'une mention dans un rapport au Directoire.
Nommé membre de l'Institut du Caire, et attaché à la section de mathématiques, il fut chargé de sonder les rades de Damiette, du cap Bonger, les embouchures du Nil, le lac Menzaleh et la vallée de Natron. Les Mémoires qu'il écrivit à cette occasion sont parmi les plus curieux du recueil de l'Institut.
Rentré en France avec Bonaparte, dont il devint chef d'état-major, il l'aida de tous ses moyens lors de la journée du 18 Brumaire.
Nommé peu après général de division et chef de la 4ème division du ministère de la Guerre créée exprès pour lui, il se trouva diriger en fait l'administration de l'artillerie et du génie.
Peu après, il commanda l'artillerie de Strasbourg, puis celle de Mayence et fut appelé, en octobre 1800, aux fonctions de chef d'état-major de l'armée gallo-batave. C'est en cette qualité qu'il rendit compte, dans une relation parue alors sans nom d'auteur, d'un combat resté célèbre à l'époque, où une poignée de soldats, entre Lauffembourg et Nuremberg, battit un véritable corps d'armée (18 décembre 1800).
Le 22 thermidor an X (10 août 1802), il fut appelé à la direction généra1e du dépôt de la guerre, puis, presque aussitôt, nommé grand officier de la Légion d'honneur et envoyé à Londres comme ambassadeur. La mission, au lendemain de la paix d'Amiens, était assez délicate. Il ne paraît pas qu'Andréossy, mal vu de l'aristocratie anglaise, dont il ne connaissait pas les usages quelque peu surannés, et aux prises, d'ailleurs, avec les plus graves difficultés, ait bien réussi. La duplicité de l'Angleterre, la nervosité de Napoléon, le manque évident de sincérité des deux adversaires, compliquèrent la situation de l'ambassadeur et rendirent inutiles ses efforts personnels pour le maintien de la paix.
Quand il revint, le 18 mai 1803, il fut nommé inspecteur général de l'artillerie et, en cette qualité, il fit la première partie de la campagne d'Allemagne jusqu'à la prise de Vienne où il resta comme commissaire de l'empereur pour les compléments du traité de Presbourg et, ensuite, comme ambassadeur. Il devait y séjourner jusqu'en 1808, mais il ne put conjurer la rupture des relations avec le gouvernement autrichien.
Entre temps, Napoléon le nomma président du col1ège électoral de l'Aude, comte de l'Empire par lettres patentes du 24 février 1809, et le désigna comme candidat au Sénat; cette assemblée ne retint pas sa candidature.
Andréossy fit la campagne d'Allemagne l'année suivante à l'état-major de Napoléon et, après la prise de Vienne, il fut une seconde fois nommé commandant de la place, où il fut bien accueilli de la population qui avait pu apprécier son caractère loyal et généreux. On remarqua, dit un de ses biographes, que la plupart des maisons qui avaient été endommagées par le feu des canons français appartenaient à des personnages qui s'étaient le plus vivement déclarés contre la France, d'où l'on ne manqua pas d'induire que le général, qui connaissait parfaitement la ville et l'esprit de ses habitants, avait dirigé lui-même le tir de nos canons.
Napoléon, qui le tenait en haute estime, le nomma grand aigle de la Légion d'honneur le 14 août 1809 et, le lendemain, grand chancelier de l'ordre des Trois Toisons qui, dans la pensée de Napoléon, devait absorber en l'annulant l'ordre de la Toison d'Or d'Autriche. Mais cet ordre n'eut qu'une durée éphémère par suite du mariage de l'empereur avec Marie-Louise.
En 1810, Andréossy présida la section de la guerre au Conseil d'État.
Envoyé à Constantinople comme ambassadeur, le 26 mai 1812, il occupa ce poste avec succès jusqu'à la chute de l'empire, réussissant à écarter la Turquie de la coalition, et il ne fut remplacé que le 13 août 1814 par le marquis de Rivière. Il profita de son séjour dans cette capitale pour y recueillir des renseignements sur la géographie, le gouvernement, les antiquités. "J'étudie, je médite, écrivait-il, et je pense que si l'on avait le temps, on pourrait écrire sur ce pays d'une manière plus exacte qu'on ne l'a fait jusqu'à ce jour". Et, donnant l'exemple, il rédigea d'intéressants mémoires, notamment sur l'irruption des eaux du Pont-Euxin dans la Méditerranée, sur la distribution des eaux en Turquie, et sur le système des eaux qui alimentent Constantinople, mémoires qui donnèrent lieu à des communications à l'Institut.
Décoré de la croix de Saint-Louis par Louis XVIII, il se rallia cependant à Napoléon pendant les Cent-Jours.
Celui-ci le nomma président du conseil de guerre, membre du Conseil d'État en service extraordinaire et, comme tel, il fut chargé du rapport sur la déclaration du congrès de Vienne.
Il fut également, avec trois de ses collègues, l'auteur d'un amendement libéral au décret contre la maison du roi qui devait mettre hors de la protection des lois ceux des membres de cette maison qui refuseraient le serment.
Créé pair de France le 2 juin, il ne siégea que quelques jours.
Le gouvernement provisoire, constitué au lendemain du désastre de Waterloo, le nomma commandant de la 1ère division militaire à Paris et membre de la commission chargée de présenter un rapport sur les mesures de sûreté générale.
Le 26 juin, il fut l'un des cinq commissaires chargés d'aller porter à Wellington une proposition d'armistice et il demanda le rappel de Louis XVIII. Cette attitude lui valut de n'être pas inquiété lors de la seconde restauration, mais il rentra dans la vie privée et employa ses loisirs à la rédaction de nouveaux ouvrages scientifiques, notamment de son voyage dans la mer Noire.
Il fut cependant rappelé à l'activité en 1818, comme membre de la commission de défense du royaume, instituée par l'ordonnance du 13 mars. Il entra, vers la même époque, dans le conseil de la société pour l'amélioration des prisons.
Directeur général des subsistances militaires le 23 janvier 1821, il fut vivement attaqué par une partie de la presse à propos de l'adjudication des vivres pour la garnison de Paris, mais il se justifia aisément. Commandeur de l'ordre de Saint-Louis le 1er mai 1821, il devint, en 1826, après une première tentative non couronnée de succès mais dont le résultat fut cependant très honorable, membre libre de l'Académie des sciences. Enfin, le 17 novembre 1827, il fut élu député par le premier arrondissement électoral de l'Aude. Il alla siéger sur les bancs de l'opposition libérale et intervint à plusieurs reprises dans les débats parlementaires.
Il est mort le 10 septembre 1828 à Montauban, alors qu'il retournait à Castelnaudary après la session législative.
Son nom est inscrit sur l'arc de triomphe de l'Étoile.
Andréossy avait épousé, le 15 septembre 1810, Marie Florimonde Stéphanie de Fay de La Tour-Maubourg (morte le 21 février 1868), fille du marquis, pair de France. Il en eut un fils, Auguste, mort d'accident, à 22 ans.
Bibliographie :
Dictionnaire de biographie française, Libraire Letouzey et Ané, 1936
Andréossi, Antoine François, comte.
Lieutenant général, issu d'une famille originaire d'Italie, naquit à Castelnaudary le 6 mars 1761. Il était arrière-petit-fils de François Andréossi qui concourut avec Riquet à la construction du canal de Languedoc. A vingt ans il entra au service avec le grade de lieutenant d'artillerie, et fit la campagne de 1787 en Hollande, où il fut fait prisonnier par les Prussiens. Il faisait partie des trois détachements que le gouvernement avait fait passer au secours des patriotes hollandais. Il revint peu de temps après en France, en vertu d'un échange. Andréossi passait, à l'époque de la révolution, pour l'un des officiers d'artillerie les plus attachés à l'ancien régime. Lorsque l'émigration commença, on comptait si bien sur ses sentiments à cet égard, que, dans la répartition des officiers d'artillerie qui fut faite entre les trois corps commandés par les princes frères du roi, par le prince de Condé et par le duc de Bourbon, il fut compris dans la liste de ceux qui devaient servir sous les ordres de ce dernier. Quel ne fut donc pas l'étonnement général, lorsqu'on apprit qu'il avait embrassé avec chaleur la cause de la révolution ? Cependant il en repoussait les excès. Se trouvant en garnison à Metz en 1790, il se prononça fortement contre les mouvements anarchiques qui s'y manifestaient. Andréossi fit toutes les campagnes de la révolution; il commença par celle du blocus de Landau en 1793; se fit surtout remarquer dans celles d'Italie, depuis le passage du Var jusqu'au traité de Léoben, et fut souvent cité dans les relations du général en chef. Au siège de Mantoue, il dirigea avec cinq chaloupes canonnières une fausse attaque qui attira tout le feu de la place, tandis que les généraux Murat et Dallemagne conduisaient l'attaque réelle sur deux autres points. C'est à la suite de cet exploit qu'il fut nommé chef de brigade. Un peu plus tard, après la bataille de Tagliamento, Bonaparte l'ayant chargé de reconnaître si l'Izonso était guéable, il se jeta dans cette rivière qu'il passa et repassa sur deux points différents sous le feu de l'ennemi. Il fut envoyé à Paris avec le général Joubert, dans le mois de décembre 1797, pour présenter au Directoire les drapeaux enlevés par l'armée d'Italie. Lorsque le Directoire ordonna les préparatifs d'une descente en Angleterre (1798), Andréossi fit sur les côtes un voyage dont le but était d'accélérer l'organisation des troupes. Ce projet n'ayant pas eu de suite, il suivit le général Bonaparte en Égypte, en qualité de général de brigade, et, sur cette terre antique de la civilisation, il sut conquérir plus d'un genre de gloire. Il fit partie de toutes les expéditions, notamment de celle de Syrie. Souvent, dans ses rapports, le général en chef donna des éloges à son courage. Devenu membre de l'institut formé au Caire, il fut chargé de plusieurs opérations savantes, dont il s'acquitta avec une grande supériorité. La rade de Damiette, l'embouchure du Nil, le lac de Menzaleh, le Fleuve sans Eau, etc., sont des points importants qu'il décrivit avec une rare exactitude, et sur lesquels il composa des mémoires qui font partie du beau travail de la commission d'Égypte. Ces mémoires ont paru aussi séparément. Andréossi accompagna Bonaparte lorsque ce général quitta l'Égypte; il le suivit à Paris, et concourut de tout son pouvoir à la révolution du 18 brumaire. Il faisait les fonctions de chef d'état-major dans cette journée mémorable ([1]), et il obtint pour récompense une 4ème division formée exprès pour lui au ministère de la Guerre, et qui comprenait l'administration de l'artillerie et du génie. Il joignit bientôt à son administration le titre de commandant de l'artillerie de Strasbourg, et le grade de général de division. Il fut appelé, en août 1800, au commandement de la place de Mayence, puis aux fonctions de chef d'état-major de l'armée gallo-batave. C'est en cette dernière qualité qu'il rendit compte d'un combat meurtrier où une poignée de soldats, entre Lauffembourg et Nuremberg, battit une armée entière (18 décembre 1800), et sur lequel il publia une relation qui parut sans nom d'auteur. Peu de temps après, il fut fait directeur du dépôt de la guerre, puis ambassadeur à Londres après le traité d'Amiens. Il tint, dans cette dernière place, une conduite assez prudente; mais, introduit dans les cercles de la haute société, on prétend qu'il laissa voir, par quelques bévues, qu'il n'en connaissait pas tous les usages. Ami des arts, il acheta à Londres la belle collection de dessins du ministre Calonne, qui avait été formée par Le Brien. Revenu en France après la rupture avec l'Angleterre, il fut successivement nommé président du collège électoral de l'Aude, comte de l'empire, candidat au sénat et ambassadeur à Vienne. Il avait été chef d'état-major de l'armée de Boulogne. Il s'était trouvé à la bataille d'Austerlitz, et avait été d'abord nommé commissaire du gouvernement à Vienne pour le complément du traité de Presbourg. Devenu gouverneur de cette ville, après la bataille de Wagram, il y rechercha les savants, les gens de lettres, rapporta quelques manuscrits, et se fit estimer et regretter. A son retour à Paris, il fut nommé à l'ambassade de Constantinople, et reçut des instructions de la plus haute importance. Napoléon 1er, qui méditait alors son invasion en Russie, et qui avait besoin de susciter des ennemis à cette puissance, était disposé à faire tous les sacrifices pour que les Turcs continuassent la guerre; il avait dit à son ambassadeur : "Que le sultan Mahmoud se mette à la tête de 100 000 hommes; je lui promets la Moldavie, la Valachie et même la Crimée." Mais des circonstances imprévues ayant retardé son départ, Andréossi n'arriva à Constantinople qu'après la paix de Bucarest. Pendant le séjour qu'il fit dans cette capitale, il protégea constamment les Français établis en Turquie, et ceux qui faisaient le commerce dans le Levant. Le ministère ottoman eut aussi beaucoup à se louer de sa loyauté; enfin il emporta les regrets de tout le monde, lorsque, en 1814, remplacé par le marquis de Rivière qui lui apporta la croix de Saint-Louis, il quitta Constantinople.
Suit un long exposé tendant à faire passer Andréossy pour un éminent hydrographe.
Se trouvant à Paris à l'époque de la révolution du 20 mars 1815, il y adhéra complètement, et signa la fameuse délibération du conseil d'État du 25 de ce mois. Il accepta la pairie et la présidence de la section de la Guerre; mais il refusa le titre d'ambassadeur à Constantinople que Napoléon 1er voulut lui rendre, et il lui annonça que le gouvernement ottoman ne le reconnaîtrait pas. C'est en qualité de président de la section de la guerre qu'il fit partie de cette commission du conseil d'État que Napoléon 1er avait chargée de faire un rapport sur la déclaration du congrès de Vienne, donnée le 13 mars. C'est au général Andréossi et à trois autres de ses collègues que fut dû l'amendement à cet article du fameux décret contre la maison du roi, qui devait mettre hors de la protection des lois ceux de cette maison qui refuseraient de prêter serment. Quoique dans les comités secrets de la chambre des pairs il ne parlât jamais, il votait toujours avec les plus modérés. Après le désastre de Waterloo, il fut élu membre de la commission chargée de présenter un rapport sur les mesures de sûreté générale, et la commission de gouvernement lui confia le commandement de la première division militaire. Nommé l'un des cinq commissaires envoyés auprès des généraux alliés pour négocier un armistice, il partit le 27 juin, et arriva le même jour à Pont-Sainte-Maxence, où il trouva les premières colonnes prussiennes qui marchaient sur la capitale. On ne lui permit pas d'arriver jusqu'au général Blücher. Mais ses collègues et lui furent admis en présence du duc de Wellington. Dès la première entrevue, Andréossi et l'un de ses collègues se prononcèrent pour le rappel immédiat des Bourbons. Un autre membre de la députation (M. Flaugergues) ayant dit qu'il croyait ce vœu contraire à celui des chambres de la France, le général anglais répondit que la force en déciderait. Le 4 juillet suivant, Andréossi et ses collègues revinrent à Paris. Aussitôt après le retour du roi, il lui envoya son acte de soumission. A partir de cette époque, rentré dans la vie privée, et habitant sa belle maison de Ris; Andréossi s'occupa exclusivement de travaux scientifiques. Quelque temps après la publication de son Voyage à l'embouchure de la mer Noire (1819), il entra dans la société royale fondée pour l'amélioration des prisons; et deux ans plus tard, il devint directeur des subsistances militaires. Tandis qu'il occupait cette haute place, les journaux attaquèrent vivement une opération de son ministère, l'adjudication de la fourniture des vivres pour la garnison de Paris. Le comte Andréossi repoussa cette attaque avec beaucoup de force. En 1826, il entra à l'Académie des Sciences. Lorsque les collèges électoraux furent convoqués en 1827 pour procéder au remplacement de la première chambre septennale, Andréossi fut député par le département de l'Aude à la nouvelle chambre, et il y siégea dans l'opposition. A son début dans la carrière législative, il fut créé membre de la commission d'examen pour le projet de loi qui allouait au ministre de la Guerre un crédit extraordinaire de 300 000 francs. Lors de la discussion générale de l'emprunt de 4 millions de rentes, motivé par les circonstances extraordinaires où se trouvait l'Europe, il fit une exposition savante de l'état respectif de la Russie et de la Turquie, et vota l'ajournement de l'emprunt. Il se fondait sur ce que, les événements se développant avec une grande rapidité, l'intervention de la France ne lui semblait pouvoir être d'aucune efficacité pour ou contre ces événements. Enfin il fit plusieurs rapports sur des pétitions. Parti, après cette session, pour retourner dans sa ville natale, il tomba malade à Montauban, et y mourut le 10 septembre 1828. Il était grand-aigle de la Légion d'honneur, et il prenait encore à Constantinople, au mois de février 1814, les titres de commandeur de la Couronne de fer et de grand chancelier de l'ordre des trois Toisons d'or ([2]).
Bibliographie :
Biographie universelle ancienne et moderne
Andréossi, Antoine François
Né le 6 mars 1761 à Castelnaudary
Mort le 10 septembre 1828 à Montauban
Comte, pair des Cent-Jours et député de Castelnaudary en 1827
Arrière-petit-fils de l'ingénieur italien qui concourut à l'exécution du canal du Languedoc.
Lieutenant d'artillerie en 1787, fait prisonnier par les Prussiens, puis échangé, Andréossi était, en 1796, chef de bataillon d'artillerie de l'armée d'Italie. Le 18 juillet, au siège de Mantoue, il tenta, avec cinq chaloupes canonnières, une fausse attaque qui attira sur lui le feu de la place, et permit aux généraux Murat et Dallemagne d'attaquer sur un autre point. Devenu général de brigade, il se signala encore le 30 floréal an V (19 mai 1797); Bonaparte l'avait chargé de reconnaître si le Lisongo était guéable; il se jeta lui-même dans la rivière et la traversa à pied. Il suivit Bonaparte en Égypte, fit partie de l'Institut du Caire, où ses mémoires sur le lac Menzaleh, sur la vallée du lac Natron, etc., furent justement remarqués. De retour en France en l'an VII, il aida à la journée du 18 brumaire, en qualité de chef d'état-major de Bonaparte, fut chargé ensuite de l'administration de l'artillerie et du génie au ministère de la Guerre, et passa, en l'an IX, général de division.
A la paix d'Amiens, Bonaparte l'envoya ambassadeur à Londres; après avoir été nommé membre de la Légion d'honneur le 19 frimaire an XII (11 décembre 1803), et grand-officier de la Légion d'honneur le 25 prairial suivant (14 juin 1804), il accepta l'ambassade de Vienne, dont il devint gouverneur militaire (10 mai 1809), après la victoire de Wagram; il avait été créé baron de l'Empire le 24 février 1809. L'Empereur le chargea, en 1810, de présider la section de la Guerre au Conseil d'État, et lui confia, en 1813, l'ambassade de Constantinople, où il publia sur l'irruption des eaux du Pont-Euxin dans la Méditerranée, et sur la distribution des eaux en Turquie, des observations d'un grand intérêt scientifique.
La rentrée des Bourbons le rappela de Constantinople, en même temps que Louis XVIII lui accordait, le 13 août 1814, la croix de Saint-Louis.
Au retour de l'île d'Elbe, il accepta de faire partie de la promotion des pairs des Cent-Jours (2 juin 1815), qui cessa de siéger à la chute de l'empire. Le 17 novembre 1827, le 1er arrondissement électoral de l'Aude (Castelnaudary) l'élut député par 298 voix sur 511 votants et 631 inscrits, contre MM. Bruyères de Chalabre, ancien député (157 voix), et de Gauzy (50 voix); il mourut moins d'un an après.
Bibliographie :
Dictionnaire des parlementaires
[1] "Je ne fus nommé, écrivait-il à l'auteur de cette note, chef d'état-major qu'au refus de Berthier, qui dit qu'il avait deux réputations à Paris, tandis que moi, n'ayant pas marqué dans la révolution, je n'inspirerais aucune défiance. Je n'étais pas venu une seule fois à Paris pendant la crise révolutionnaire".
[2] Par un décret daté de Schoenbrunn, le 15 août 1809, Napoléon 1er avait institué l'Ordre des trois Toisons d'or. Chaque régiment devait avoir un de ses officiers commandeur avec une pension de 4 000 francs, et un sous-officier ou soldat chevalier avec pension de 1 000 francs. Les commandeurs et les chevaliers ne pouvaient plus quitter leur régiment, et devaient mourir sous les drapeaux. Les grands chevaliers devaient être au nombre de cent; les commandeurs au nombre de quatre cents, et les chevaliers au nombre de mille. Excepté les ministres, qui auraient conservé le portefeuille pendant dix ans sans interruption; les ministres d'État qui, pendant vingt ans d'exercice, auraient été appelés au moins une fois par année au conseil privé; les présidents du sénat qui auraient présidé ce corps pendant trois années; et les descendants directs des maréchaux, lorsqu'ils se seraient distingués dans la carrière par eux embrassée, nul ne pouvait être admis dans l'ordre des trois Toisons d'or, s'il n'avait fait la guerre et reçu trois blessures dans des actions différentes. Pour être grand chevalier, il fallait avoir commandé en chef dans une bataille rangée ou dans un siège, ou dans un des corps de la Grande Armée. Enfin la décoration des trois Toisons d'or devait être attachée aux aigles des régiments qui avaient assisté aux grandes batailles de la Grande Armée. Le général Andréossi fut nommé grand chancelier de cet ordre, dont Napoléon 1er s'était fait le grand maître. On avait déjà dressé l'état des corps qui avaient participé aux grandes batailles de la Grande Armée, commandée par S.M. l'empereur et roi en personne. Tout le travail était prêt, et les promotions allaient commencer, lorsque le mariage de Napoléon 1er avec l'archiduchesse Marie-Louise fit renoncer à l'établissement de cet ordre qui aurait trop contrarié le beau-père. L'ordre des trois Toisons annulait, en l'absorbant, l'ancien ordre de la Toison d'or qui existant dans les deux maisons d'Espagne et d'Autriche. Le comte Andréossi perdit alors son titre de grand chancelier, et moi celui de secrétaire général, qui m'avait été promis. Mais, en 1814, Napoléon 1er n'avait plus à ménager son beau-père, et le général Andréossi reprit à Constantinople le titre d'un ordre qui, sans la chute de l'empire, aurait été organisé.